Karim a participé au projet IMAJINA et a réalisé son stage en Allemagne en 2021. Interviewé par Maha, volontaire à Eurocircle, à son retour en février 2022, il raconte son expérience.
Karim a participé au projet IMAJINA et a réalisé son stage en Allemagne en 2021. Interviewé par Maha, volontaire à Eurocircle, à son retour en février 2022, il raconte son expérience.
Maha : Quels sont les premiers mots qui te viennent à l’esprit quand tu penses à ton séjour en Allemagne ?
Le premier mot ça serait le paysage. Le paysage parce qu’on habitait juste à côté – à peu près dix minutes – de la rivière. Donc la vue là-bas était magnifique, surtout la nuit avec les effets de lumière qui se reflètent. Ça m’a vraiment marqué. Souvent je me mettais au bord de la rivière pendant quelque temps. Je lisais des livres et écoutais de la musique. Donc, la première chose que j’ai vue, c’était ça et j’ai vraiment bien aimé.
Maha : Comment as-tu vécu la préparation au départ ?
Pour moi, ce n’était pas trop un souci puisque j’avais déjà fait un départ il y a quelques années en Angleterre et que ça ressemblait à peu près à ça. Avec des formations sur Marseille, avec des cours de langue, des déblocages linguistiques, … Donc au niveau de la formation il n’y a pas vraiment eu de souci. Au contraire. On avait un prof d’allemand qui nous a vraiment… on va dire prévenu comment les choses allaient se passer en Allemagne. Donc, oui, c’était assez utile.
Maha : Et comment tu sentais avant de partir ?
Franchement, j’étais assez excité parce que l’Allemagne, je n’y suis jamais allé. Donc j’étais vraiment intéressé par rapport au pays. Par savoir comment ça marche, qu’est-ce que j’allais voir là-bas et les différences de culture. Et il y avait aussi le fait de travailler dans mon domaine, l’hôtellerie. Là aussi ça m’a vraiment plu et ça m’a vraiment motivé de me préparer un maximum avant le départ.

Maha : Si tu te compares avant et après la mobilité, tu as déjà fait beaucoup de mobilités et c’est peut-être quelque chose que tu as donc vécu plein de fois, mais là en Allemagne. Est-ce que tu perçois une évolution ?
Plus de confiance en moi parce que j’ai travaillé encore une fois à l’étranger même si, comme tu dis, je l’ai déjà fait. Là encore, c’était encore plus compliqué puisque je ne connaissais pas vraiment la langue et je travaillais dans un domaine où il fallait absolument parler. Parce qu’en hôtellerie, en réception, les clients viennent me parler en allemand. Donc il fallait que j’apprenne comment me débrouiller pour comprendre un minimum et pour me faire comprendre. Donc là je pense que j’ai vraiment gagné, on va dire, en patience. Et quand même en maturité puisqu’il faut prendre son temps dans ce genre de moment pour ne pas se laisser aller, se dire – bon, j’en ai marre. Et de se dire – Je n’y arrive pas, je vais appeler mon collègue et il va vous expliquer. – tout ça. Il faut vraiment prendre sur soi, essayer de trouver des mots justes, essayer de se faire comprendre le plus simplement possible. Et je pense que ça m’a vraiment marqué dès les premiers jours. Ça va m’être utile par la suite parce que c’est vraiment ce genre de choses… tu ne peux pas le faire si tu es dans ton propre pays en parlant ta propre langue. Tout simplement. C’est le genre de situation que tu n’as que si tu travailles à l’étranger. Donc, c’est pour ça que [cette expérience] va vraiment être un plus pour la suite.
Maha : Tu en as déjà parlé un peu mais revenons sur les compétences que tu as pu acquérir pendant ton stage. Comment tu vas les valoriser professionnellement ?
Bonne question. Ça dépendra d’où je vais travailler plus tard, je pense. Parce que ce genre de compétences là peut m’être vraiment utile à l’étranger, encore une fois. […] Parce que c’est le seul genre de compétence que tu ne peux apprendre que à l’étranger et il n’y a pas tout le monde qui ose, qui a le courage de partir à l’étranger pour travailler comme ça. […] C’est quelque chose que pas énormément de monde auront, finalement. Et quand un recruteur va comparer plusieurs CV, ça peut être quelque chose qui va te démarquer des autres personnes, tout simplement.
Maha : Parlons un peu de la vie en Allemagne et de l’interculturalité. Quelle a été ta plus grande difficulté pendant ton séjour en Allemagne ?
Un peu difficile… Logiquement, c’est la langue. Parce que, comme je t’ai dit, j’étais en réception. Donc les premiers jours les clients me voyaient et tout de suite ils me parlaient en allemand. Ils n’hésitaient pas. Et moi j’étais là – “Oula, doucement, doucement !”. Donc c’est sûr que les premiers jours c’était vraiment compliqué pour moi […]. En plus l’accent en Saxe est différent de ce que j’avais appris avec mon prof d’allemand. Donc les mots, la prononciation ce n’était pas vraiment la même chose. Et donc, je n’arrivais pas à reconnaitre tout ça. Je me suis tout pris comme ça d’un coup. Je me suis dit – “oh là là, attendez, attendez, mais en fait ça ne veut pas dire ça eh… !”. Et donc j’ai eu un petit temps d’adaptation. J’ai eu à peu près une à deux semaines où je demandais à mes collègues – “Qu’est-ce qu’il veut dire par là, qu’est-ce qu’il veut dire par ci ?” – tout ça, pour essayer de m’adapter le plus rapidement possible. Ensuite de trouver des mots simples pour pouvoir répondre au client tout simplement. Donc là c’était vraiment le plus compliqué pour moi. Mais je le savais. Je le savais puisque j’étais en réception. Je savais très bien que ça allait se passer comme ça. Donc on va dire que mentalement j’étais préparé. Parce que je me suis dit c’est impossible que j’aille là-bas et tous les mots que j’ai appris ici, d’un coup je vais m’en rappeler et je vais les utiliser. Ça ne peut pas être si simple. Donc c’était à ce moment-là, les premières semaines, au travail en tout cas, qui étaient assez compliquées.
Maha : Et donc, qu’est-ce que tu en retires de tout ça ?
C’est là qu’il ne faut pas abandonner. Parce que souvent les gens, si la première semaine se passe mal, ils vont te dire « Non, je n’aime pas ça, je n’aime pas ci, je ne voyais pas ça comme ça, je n’aime pas finalement comment ça se passe ». Et de suite ils n’ont plus envie et ensuite ils trainent, pour ne pas aller travailler. Et ça va poser plus de problème qu’autre chose quoi. Tu ne prendras pas plaisir à travailler. Donc c’est vraiment les deux premières semaines qu’il faut prendre sur soi, pas abandonner, être patient. Et se dire qu’il y aura des jours meilleurs. Après les premières semaines, ça va s’améliorer. Ça va devenir plus simple, ça va devenir plus facile. Et il ne faut pas hésiter à demander aux collègues de travail. On n’est pas tout seul, donc il y aura toujours quelqu’un qui pourra t’aider, qui pourra t’expliquer pour que tu puisses avancer un maximum. […]
Maha : Est-ce que tu as eu l’impression d’avoir vécu un choc culturel ?
Non, parce que finalement l’Allemagne, ce n’est pas si loin que ça. Parce que l’Allemagne et la France ils ont des bonnes relations et partagent énormément de choses. Donc, à partir du moment où tu te prépares un minimum, tu vois, tu fais quelques recherches, tu sais très bien à quoi t’attendre. Où tu sais très bien quelles seront les grosses différences. […]
Maha : Quel conseil aurais-tu pour des personnes qui veulent partir à l’étranger ou même en Allemagne ?
Des conseils que je pourrais donner ? N’ayez pas peur. À partir du moment où vous êtes dans un programme comme ça, si vous avez fait le premier pas, c’est-à-dire si vous avez commencé la formation, vous avez fait les plus compliqué – on va dire. Parce que une fois que vous êtes dedans, la formation va vous préparer un maximum pour le départ. Et si vous avez vraiment envie de partir à l’étranger, je ne vois pas de quoi vous aurez peur. À partir du moment où vous avez envie de le faire. […] Peut-être pour certains ils ne savent pas trop qu’est-ce qui va se passer EXACTEMENT. Et peut-être pour certains ça serait la première fois qu’ils vont vivre par eux-mêmes. Donc là aussi, ça peut engendrer des peurs, des craintes, en se disant – « Comment je vais faire pour me débrouiller tout seul. » Mais logiquement vous n’êtes pas vraiment tout seul, parce que vous allez souvent partir en groupe. Donc entre français vous pouvez toujours vous entraider. Et à partir du moment où vous partez pour du travail – vous allez travailler dans une entreprise, dans une association, peu importe – là aussi vous n’êtes pas tout seul. Les associations, les entreprises qui vont vous prendre ont l’habitude de prendre des étrangers, ont l’habitude de prendre des stagiaires, des français. Donc ils sauront comment vous accueillir et vous êtes – là aussi – entouré un maximum. Donc il ne faut pas craindre l’étranger. Parce que la première chose que tu vas avoir, ce sera par exemple des choses bêtes mais qui peuvent être stressantes pour certains. Par exemple arriver à la gare en Allemagne, se faire comprendre, demander où est son train. Il faut parler une autre langue, ça peut être assez stressant pour certains. Et donc de suite il faut se mettre dans le bain… que – ça y est. On est à l’étranger. Et à partir de ce moment-là, vous allez être là à cinq ou six peut-être, ce sera entre vous de vous débrouiller. Et donc là ça sera vraiment une chose de stressant pour certains. Mais il faut se dire que c’est littéralement là même chose qu’en France. Il n’y a pas à stresser plus que ça. C’est un train comme un autre, on va dire, ou c’est un avion comme un autre. […] Un conseil… c’est vraiment de se préparer un maximum au départ. Ça se fera avec la formation de toute façon. Et ensuite essayer de prendre du recul sur tout ce qui se passe. Parce que souvent les premières choses qu’on voit c’est « Oh, pourquoi il fait ça, pourquoi il fait si etc. » Et il ne faut pas réagir de suite. Il ne faut pas se dire « Mais pourquoi c’est comme ça ? » On prend le temps, on prend une pause, on se dit « Bon, peut-être que c’est comme ça que ça marche chez eux, ce n’est pas un souci. » Et il faut vraiment prendre le temps de comprendre les choses. Parce que si on est là, à l’étranger, et qu’on commence à juger le moindre fait, le moindre geste que les autres font, en les comparant à nous ce qu’on fait, on ne va pas s’en sortir. Ce n’est pas la peine. Si c’est pour aller là-bas et juger des gens en disant qu’ils font des trucs bizarres, ce n’est pas la peine de partir à l’étranger, alors ce n’est pas ce que tu voulais faire. Donc il faut vraiment un esprit ouvert et partir là-bas en se disant qu’on va apprendre énormément, quoi qu’il arrive. Que ce soit professionnellement ou personnellement. On va vraiment apprendre des choses et vraiment prendre le temps pour comprendre l’autre. […]
Maha : Quel projet as-tu pour l’avenir ou quel est ton prochain projet ?
Mon prochain projet… Alors, ce sera de repartir à l’étranger. […] Pourquoi pas en Espagne ? Travailler encore une fois en hôtellerie, tout simplement.